jeudi 28 avril 2011

Änglamakerskan - Le prochain Läckberg

Son dernier roman, Fyrvaktaren, est paru en 2009. Après une pause en 2010, Camilla Läckberg reviendra dans les librairies suédoises en septembre 2011 avec le huitième roman de la série Erica Falck.

La couverture d'Änglamakerskan a déjà été dévoilée par l'éditeur Forum:


"Änglamakerska" est pour moi un mot nouveau. La traduction correcte est probablement "la faiseuse d'anges".
En France cette expression désignait une "avorteuse".
Selon Wikipedia et le site de l'Académie Suédoise, le terme änglamakerska désignait jadis une femme à qui étaient confiés de jeunes enfants qu'elle laissait ensuite mourir par manque de soins.
Ces enfants n'étaient pas désirés; très souvent la mère n'était pas mariée, ce qui en Suède comme ailleurs était socialement inacceptable au tournant des 19e-20e siècle. Ces bébés encombrants nés en marge de la société étaient discrètement placés dans des familles d'accueil en échange d'un certain montant, puis définitivement oubliés.
Pour obtenir des rentrées d'argent régulières, les änglamakerskor avaient une solution aussi simple que cruelle: négliger et laisser mourir les bambins (voire tout bonnement les assassiner) afin de faire plus rapidement de la place à d'autres.

Wikipedia consacre une page à Hilda Nilsson, la dernière änglamakerska condamnée à mort. Jugée en 1917 pour avoir causé la mort d'au moins huit enfants, elle s'est suicidée dans sa cellule.

Camilla Läckberg est visiblement passionnée par le thème des marâtres psychopathes (Le tailleur de pierres et L'oiseau de mauvais augure viennent tout de suite à l'esprit). Ces "faiseuses d'anges" suédoises ne pouvaient que stimuler son imagination!

lundi 25 avril 2011

Finalistes du prix SNCF du polar

Signal d'alarme agité par Hannibal le lecteur (qui a bien aimé le Sang des pierres): la 11e édition du prix SNCF du polar va très bientôt entrer en gare.

Les trois finalistes de la catégorie "polar européen" sont Hiver de Mons Kallentoft, L'Écho des morts de Johan Theorin, Le Chuchoteur de Donato Carrisi.

Petit détail sympa, on peut écouter le début de l'édition audio des romans.

Indice personnel : "Les morts se rassemblent chaque hiver pour fêter Noël..."

Mise à jour du 28 avril: and the winner is... Le Chuchoteur de Donato Carrisi. Côté français le lauréat est Philippe Georget pour L'Été tous les chats s'ennuient.

* * *

En jetant un œil sur ce site de la SNCF je découvre une idée géniale: le train du polar! Le polar est un genre qui a longtemps été (et est encore parfois) dénigré comme de la littérature de gare, alors quoi de mieux qu'un train pour le célébrer? [En regardant les photos, je me demande toutefois s'ils n'ont pas confondu avec le train "Disney"...]

* * *
Jouons avec Agatha

Noir Suspense propose un jeu de questions réponses pour les fans d'Agatha: Connaissez-vous bien Agatha Christie?
Les questions ne sont pas faciles mais c'est l'occasion de faire travailler ses petites cellules grises, comme dirait Hercule.

samedi 23 avril 2011

Un endroit discret - Seichô Matsumoto


Un endroit discret (titre original Kikanakatta basho), de Seichô Matsumoto, Actes Sud (coll. Actes noirs), 2010, 216 pages. Traduit du japonais par Rose-Marie Makino et Yukari Kometani.

Tsuneo Asai est fonctionnaire au sein du Ministère de l'Agriculture. Sa parfaite connaissance des réglementations en vigueur -particulièrement en ce qui concerne la transformation des viandes- lui vaut le respect des industriels aussi bien que de sa hiérarchie.

Lorsque s'ouvre le roman, Asai est en déplacement à Kôbe. Il accompagne son chef, le directeur de cabinet Shiraishi. Les deux représentants de l'État sont accueillis et traités aux petits oignons par les professionnels locaux de l'industrie agroalimentaire. Réception, cocktails, geishas, tout est fait pour mettre Shiraishi à l'aise.

C'est au cours du dîner qu'Asai reçoit une terrible nouvelle de Tokyo. Sa belle-sœur lui annonce par téléphone la mort de son épouse, Eiko. Elle a été victime d'une crise cardiaque quelques heures auparavant. Asai aborde le "problème" d'une façon... zen:
"Comme Asai s'était absenté longtemps, son chef paraissait légèrement de mauvaise humeur. Asai, tenant du bout des doigts son bol brûlant de riz à la daurade, réfléchissait à la manière d'aborder le sujet avec lui. Il n'avait pas de temps à perdre. Les pleurs de Miyako [la belle-sœur] lui revenaient à l'oreille. Asai reposa sur son plateau le bol qu'il venait pourtant de prendre, et faisant glisser ses genoux, il se rapprocha de son chef.
- "Je suis absolument désolé, mais..." lui murmura-t-il à l'oreille.
Shiraishi pencha légèrement la tête vers lui d'un air interrogatif.
- "Je voudrais que cela reste entre nous, mais..."
Les invités étaient moins agités que lorsqu'ils buvaient du saké un peu plus tôt, mais les conversations allaient bon train.
- "... je viens tout juste de recevoir un coup de téléphone de mon domicile à Tokyo. Pour me prévenir de la mort subite de ma femme."
Le chef de cabinet tendait l'oreille d'un air perplexe, le mot "mort" ne suffisait manifestement pas à ce qu'il comprenne.
- "D'une crise cardiaque, il y a trois heures."
Il s'excuse ensuite platement de devoir rentrer à Tokyo et faire ainsi faux-bond à son chef.

Une telle entrée en matière m'a plu, et c'est avec curiosité que j'ai suivi Asai dans son "travail de deuil" (si on peut appeler ça comme ça...)

La mort d'Eiko ne bouleverse que modérément le brave homme, mais il va mettre un point d'honneur à reconstituer les derniers instants vécus par son épouse. Asai va donc se rendre dans le quartier de Yoyogi et visitera la boutique de produits de beauté Takahashi. C'est dans ce quartier, dans ce magasin, qu'Eiko a rendu son dernier soupir.

Mais que faisait-elle là, dans ce coin de la ville où elle ne connaissait personne? Cette question va pousser Asai à arpenter les rues de Yoyogi. Il découvrira vite que le chic quartier abrite quelques "hôtels de rencontre" très appréciés par les couples illégitimes...
Incapable de se défaire de ce terrible soupçon, très soucieux de savoir si oui ou non son honneur a été bafoué, Asai va s'engager dans une voie sans retour.

* * *

Après la très bonne surprise de La Maison où je suis mort autrefois, j'avais envie de lire un nouveau polar made in Japan. Et puis ça change un peu des auteurs en "son".

Ambiance faussement paisible, politesse extrême et ambitions dévorantes, courbettes et coups en traître, Un endroit discret est un cocktail très sympathique.

J'ai moins apprécié quelques répétitions et l'abondance de noms de lieux ou de personnes (des notes ou un peu d'aspirine permettent de surmonter ce petit problème).

Du même auteur sont parus en français: Le vase de sable (Picquier - 1987), Tokyo Express (Picquier - 1989), La voix (Picquier - 1992).
Seichô Matsumoto est décédé en 1992. Courte bio en français sur shunkin.net

lundi 18 avril 2011

La rivière noire - Elinborg mène l'enquête


La rivière noire (titre original: Myrká), Arnaldur Indridason, Éd. Métailié, 2011, 300 pages. Traduit de l'islandais par Éric Boury.

Lorsque se termine Hypothermie, Erlendur s'enfonce dans le brouillard quelque part dans la région des fjords de l'Est, hanté par une ancienne et très personnelle énigme.

Ses collègues à Reykjavik mènent donc les enquêtes criminelles sans lui.

Dans La rivière noire, c'est Elinborg qui prend la direction des investigations. Un homme, Runolfur, a été assassiné chez lui. Des indices laissent penser qu'il n'était pas seul cette nuit-là. Du rohypnol (la tristement célèbre "drogue du viol") est retrouvé en possession de la victime ainsi que dans son organisme.

Un châle, abandonné sous le lit, dégage une odeur exotique qu'Elinborg connaît bien: du tandoori. La chasse à l'homme -ou à la femme- commence.

* * *
Absence

Je l'avoue, l'absence d'Erlendur m'a un peu frustré. Le grognon commissaire occupait une telle place dans les livres précédents qu'il n'est pas si facile -du moins pour un fan- de se passer de lui.

Mais l'auteur a un projet, qui se dessine et se précise doucement, lentement, volume après volume. La rivière noire appelle très clairement une suite, ne serait-ce que pour répondre à quelques questions: que devient donc Erlendur? Comment se déroulent ses recherches dans l'Est? Saura-t-il trouver une réponse à la mystérieuse et ancienne disparition de son frère cadet ou bien reviendra-t-il bredouille une fois encore? Le suivrons-nous bientôt dans les montagnes de l'Est?

Bref, même absent, le commissaire le plus célèbre d'Islande trouve le moyen de s'imposer. Le lecteur a de plus l'occasion de découvrir la discrète Elinborg et sa petite famille. Dans l'ensemble, une très agréable lecture.

* * *
Culinaire
"Le corps de la victime s'était pour ainsi dire vidé de son sang, lequel avait séché sur le sol de l'appartement. Ce détail indiquait que son cœur avait continué de battre et qu'elle avait continué de vivre pendant un certain temps après l'agression.
Elinborg n'avait pu envisager de cuire à la poêle du muscle de bœuf après avoir vu ça, même s'il lui avait fallu essuyer les reproches de son fils aîné."

À lire ailleurs: les avis de Carnets noirs, Noirs desseins, Le blog d'Isa.

[Un grand merci à Dimédia et aux Éditions Métailié pour ce livre aux saveurs indiennes...]

dimanche 17 avril 2011

La Svenska deckarakademin fête ses 40 ans


La Svenska deckarakademin fêtait hier ses quarante ans d'existence. Quarante années pour encourager et faire connaître le roman policier dans toute sa variété.

Née officiellement le 16 avril 1971, la SD a compté dans ses rangs -ou compte encore- des auteurs tels Per Wahlöö et Maj Sjöwall, Aino Trosell, Anna Jansson, Inger Frimansson, mais aussi des critiques comme Gunilla Wedding.

Lorsqu'un éditeur français publie un polar suédois avec un beau bandeau rouge clamant "meilleur roman policier de l'année" c'est très souvent aux prix décernés par la SD qu'il fait référence.

Pour célébrer l'événement la SD a sorti un bouquin qui a pour titre "221 bons polars que vous devez lire avant d'être assassiné". On aime l'humour noir chez les polardeux.

Pourquoi 221 plutôt que 200, 220 ou 230?

C'est la (facile) devinette du jour!

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Mise à jour

La devinette a été résolue par Canel, il s'agit bien d'une adresse! Le titre fait allusion au 221B, Baker Street, l'adresse de Sherlock Holmes à Londres. Canel, tu gagnes un prix d'une valeur inestimable: mes félicitations! ;-)

mercredi 13 avril 2011

Semaine chargée

Chargée côté boulot mais pas uniquement... Plusieurs auteurs suédois déboulent dans les librairies québécoises les 12-13 avril.


Déjà lu, ou à lire bientôt:

L'Ombre dans l'eau d'Inger Frimansson (First), suite du glaçant Bonne nuit, mon amour. Direct en PAL!

Le Sang des pierres de Johan Theorin (Albin Michel).


Ne connais pas encore l'auteur, mais compte bien découvrir:

Juste un crime de Theodor Kallifatides (en poche chez Rivages), sort en même temps que l'inédit Le Sixième passager (Rivages).

Kallifatides est un auteur suédois d'origine grecque.


Ne connais pas l'auteur, mais plus ou moins curieux:

Nephilim, d'Åsa Schwartz (Presses de la Cité).


Et tout ça arrive sur les cubes en même temps.
Alors, amis libraires, voici une idée (classique mais indémodable), une autre (euh? il est où le buffet?!) ou encore une autre (ok, c'est du danois, mais l'original est suédois), histoire de mettre de l'ambiance sur les planchers. Non ne me remerciez pas, mais invitez-moi si vous tentez un coup de ce genre :-))

Rock och roll, älskling!

mardi 5 avril 2011

Erik Winter a-t-il vraiment dit son dernier mot?

Gunilla Wedding (*) est toute contente: Åke Edwardson n'en a peut-être pas fini avec Erik Winter! Selon Wedding, l'auteur a déclaré en entrevue qu'il s'était un peu trop attaché au commissaire le plus chic de Suède pour le laisser définitivement tomber...

Pour le moment Edwardson est retourné au roman "classique" mais il envisage un come-back dans le monde du polar. Pas l'an prochain, mais peut-être en 2013.

Gunilla Wedding y croit dur comme fer. L'adresse de sa page est on ne peut plus claire: "/winter-de retour-en 2013"!

À la place d'Edwardson j'éviterais de contrarier la dame...


(*) Membre de la Svenska deckarakademin, rédige des chroniques culturelles pour le journal Skånska Dagbladet. Spécialiste du polar et grande amatrice de littérature policière britannique.