vendredi 28 mai 2010

La Maison où je suis mort autrefois : friandise orientale


La Maison où je suis mort autrefois (titre original Mukashi bokuga shinda ie), Keigo Higashino, Actes Sud 2010, 254 pages. Traduit du japonais par Yutaka Makino.

Ce n'est pas du scandinave, mais ça reste du polar (en prenant le terme dans un sens assez large). Ce petit livre remplit donc une des conditions nécessaires pour figurer sur ce blog.

Le récit est à la première personne. Le narrateur est un homme encore jeune, qui n'est pas nommé. Son ancienne petite amie du temps de l'école, Sayaka Kurahashi, reprend contact avec lui afin de demander son aide.

Sayaka, qui est désormais mariée à un homme d'affaires souvent absent, vient de perdre son père. Parmi les objets appartenant à ce dernier, elle découvre un plan tracé à la main et une clef. Le plan mène à une maison dont son père ne lui a jamais parlé. Sayaka veut savoir de quoi il retourne mais elle a un peu peur de ce qu'elle pourrait trouver, c'est pourquoi elle se tourne vers son ancien flirt. Pour le convaincre elle lui révèle un secret très personnel: elle n'a aucun souvenir de sa petite enfance. Les années avant son entrée au primaire n'ont laissé aucune trace dans sa mémoire. Elle cherche des réponses.

Son ami, visiblement encore épris, hésite avant d'accepter. Tous deux prennent alors la route vers une région montagneuse. Ils vont suivre le plan, trouver la maison, faire tourner la mystérieuse clef, et entrer...

* * *

La Maison où je suis mort autrefois est un petit OVNI dans le ciel du polar, aussi bizarre que sa jolie couverture.

L'histoire se déroule en des lieux inconnus, sauf pour deux villes qui apparaissent dans le cours du récit: Tokyo et Yokohama, mais je serais bien en peine de localiser cette dernière sur une carte.

La localisation géographique n'est heureusement pas importante, car La Maison... est un huis clos, avec deux personnages principaux, Sayaka et son ex-petit ami. L'action (façon de parler) se déroule presque entièrement dans cette étrange "maison de type occidental", dans la préfecture de Nagano.

Avec une maison et deux héros, Keigo Higashino tisse un récit très prenant. Les deux jeunes gens vont, à partir des seuls indices trouvés dans la demeure, résoudre de vieux secrets et reconstituer une histoire dramatique.

Les deux détectives amateurs tirent des conclusions qui semblent parfois surprenantes, basées sur des détails souvent très subtils. Mais ce qui serait un défaut dans un polar "classique" n'en est plus un ici. Le récit est comme un délicat "puzzle de l'esprit" qui se complète page après page pour nous révéler, à la fin, le tableau complet.

À cela s'ajoute un exotisme discret -du point de vue d'un lecteur occidental- par exemple la retenue toute japonaise des personnages (ils s'énervent parfois mais n'oublient jamais de s'en excuser). Cette jolie petite construction est mon premier coup de cœur de la belle saison.

mardi 25 mai 2010

Le Diable de verre - Helene Tursten


Le Diable de verre (titre original Glasdjävulen), Helene Tursten, Éd. Michel Lafon 2010, 324 pages. Traduit du suédois par Hélène Hervieu.

Deuxième aventure (en français) de l'inspectrice Irene Huss.

Le roman commence sur les chapeaux de roues, avec trois meurtres commis dans un laps de temps rapproché, dans des maisons isolées des environs de Göteborg.

Sur les écrans d'ordinateur des victimes, l'équipe d'enquêteurs découvre des pentagrammes inversés tracés avec du sang.

Une secte sataniste serait-elle impliquée dans les trois meurtres? Une petite église du voisinage avait été incendiée un an auparavant, et on avait retrouvé sur les lieux un symbole identique. La première victime trouvée par les policiers, Jacob Schyttelius, était le fils du doyen des pasteurs locaux et il s'était mis en tête de démasquer les profanateurs.

Les pasteurs des paroisses environnantes et leur personnel vont s'efforcer d'aider Irene Huss et ses collègues. Mais certains d'entre eux ont des choses à cacher...

* * *

La première partie du roman est très prenante et on suit avec intérêt le travail des enquêteurs. L'enquête révèle rapidement qu'une quatrième victime potentielle du tueur vit à Londres, ce qui donne l'occasion à Irene Huss de faire des escapades en Grande-Bretagne. C'est vers la fin du bouquin que ça se gâte. L'intrigue du roman est en effet, selon moi, moins complexe et plus classique que celle du Torse dans les rochers.

Je suis tenté de comparer le dénouement à de la barbapapa: c'est joli, c'est appétissant, on en prend une pleine bouchée et puis... on se dit que ça manquait un peu de consistance.

Tursten a amplement prouvé qu'elle savait écrire une histoire haletante du début à la fin, j'attends donc sereinement le prochain épisode: Guldkalven (Le Veau d'or).

dimanche 23 mai 2010

LOST - The End

Va falloir s'y faire, mais c'est la fin...

Lost da Vinci / Cliquer pour agrandir


Ce soir dimanche sur CTV (Can.) et ABC (US) la soirée sera LOST.

19h-21h : récap de la série, "Lost - The Final Journey"
puis
21h-23h30 : le dernier épisode, judicieusement intitulé "The End"

ABC continue la soirée avec un Jimmy Kimmel Live à minuit 5: "Aloha to Lost" avec des invités de marque. Heureusement que lundi est férié au Canada...

Chaque épisode de la série générait souvent plus de questions que de réponses, mais certaines énigmes trouveront peut-être une explication ce soir (on peut rêver):
  • L'Homme en noir a-t-il un nom?
  • Qu'est-ce que la Source?
  • Qui était Mother?
  • Que mijote Desmond?
  • Richard a-t-il survécu?
  • Va-t-on revoir Aaron ou Walt?
  • Les deux réalités vont-elles continuer en parallèle ou bien est-ce la fin pour l'une des deux?
  • Les personnages auront-ils un choix?
  • Qu'est-ce qu'une statue de Taweret peut bien f**tre sur une île qui se balade dans le Pacifique?
  • Quelqu'un a-t-il compris l'histoire? (je parle des scénaristes, là)
  • Devrais-je acheter un magnétoscope?
Lien utile/amusant: le coin des fans sur le très complet Lostpedia (alerte spoilers ne cliquez pas sur ce lien si vous suivez la série uniquement en français). Pour la série doublé en français il est plus prudent de consulter la VF de Lostpedia mais méfiance quand même.

Mise à jour: Après avoir vu le dernier épisode, je ne suis pas certain de pouvoir affirmer que j'ai bien tout compris. Loin de là. Ça promet de longs débats entre amateurs!

vendredi 21 mai 2010

CWA International Dagger : nominations

Premières listes des polars en lice pour les prix 2010 attribués par la Crime Writers' Association (UK).

La CWA International Dagger m'intéresse particulièrement puisque c'est là que l'on retrouve les polars scandinaves traduits en anglais et publiés au Royaume-Uni. Les ouvrages retenus sont:
  • Hypothermia by Arnaldur Indriðason, translated by Victoria Cribb (Harvill Secker)
  • The Girl Who Kicked the Hornets’ Nest by Stieg Larsson, translated by Reg Keeland (MacLehose Press)
  • The Darkest Room by Johan Theorin, translated by Marlaine Delargy (Doubleday)
  • Thirteen Hours by Deon Meyer, translated by K.L. Seegers (Hodder and Stoughton)
  • Badfellas by Tonino Benacquista, translated by Emily Read (Bitter Lemon Press)
  • August Heat by Andrea Camilleri, translated by Stephen Sartarelli (Picador)

Trois auteurs scandinaves -dont deux Suédois- sur six!

Le choix est particulièrement difficile, j'ai adoré chacun des trois bouquins venus du froid (j'avoue ne pas avoir lu les autres).

Ce blog restera évidemment d'une neutralité absolue. Pas question de badiner avec l'éthique blogosphérique.
(Allez Johan, allez Johan, alleeeeez! Darkest Room! Darkest Room! Darkest Room!)

lundi 17 mai 2010

Blodläge - Printemps sanglant


Blodläge, de Johan Theorin, Éd. Wahlström & Widstrand, 2010, 406 pages. Traduction française à paraître chez Albin Michel.

Ce roman est le troisième de la série mettant en scène le vieux marin à la retraite Gerlof Davidsson. Je lui ai déjà consacré un billet intermédiaire: Vendela et les fées. Le titre est expliqué dans cet autre billet.

Le printemps s'installe sur l'île d'Öland. Quelques familles commencent à prendre le chemin de l'île pour passer du bon temps dans leurs maisons de campagne.

Tous résident à proximité de la vieille carrière de Stenvik, dans le nord-ouest de l'île, sur la rive du détroit de Kalmar (qui sépare Öland de la Suède continentale). Nous retrouvons donc dans ce roman une partie du décor -ainsi que certains personnages- de L'Heure trouble.

Gerlof Davidsson est là lui aussi, de retour dans sa petite maison (celle où son petit-fils Jens passait l'été avant de disparaître mystérieusement au tout début de L'Heure trouble). Gerlof commence à se soucier de la mort qui approche (il a 82 ans) et préfère l'attendre chez lui, dans la maison des jours heureux, plutôt que dans la maison de retraite de Marnäs.

J'essaye toujours de ne pas trop en dire, mais il vaudrait peut-être mieux éviter de lire la 2e parti du billet [Des personnages souvent ambigus] si, comme moi, vous aimez en savoir le moins possible avant de lire un polar!

Dans la 3e partie du billet j'aborde les thèmes de prédilection de l'auteur; la 4e partie est absolument sans danger puisque j'y discute rapidement le titre du quatrième volume de la série, encore à paraître.

* * *
Des personnages souvent ambigus

Blodläge s'ouvre sur une scène dramatique. Per Mörner est menacé d'une mort atroce durant la nuit de la Walpurgis. On s'apprête à l'immoler par le feu dans la carrière, près de chez lui. Le feu est un très bon moyen de se débarrasser de quelqu'un en Suède cette nuit-là, puisque des bûchers sont allumés un peu partout dans les parcs et campagnes. Un feu de plus ou de moins n'éveillera pas la curiosité...

Tout de suite après cette scène, l'auteur nous ramène quelques semaines en arrière, peu de temps avant le week-end de Pâques. Commence alors l'enchaînement des événements qui doivent inéluctablement mener au meurtre de Per.

Outre Gerlof Davidsson, le roman concerne essentiellement deux familles. Tout d'abord celle de Per Mörner, divorcé, papa des jumeaux Pernilla (plus souvent appelée Nilla) et Jesper.

Un personnage à la réputation trouble vient perturber la petite famille Mörner : Jerry, le père de Per, vieux bonhomme usé qui ne peut presque plus parler à la suite d'une attaque cérébrale survenue un ou deux ans auparavant.

Cette attaque a laissé Jerry très affaibli, ce qui contraint Per Mörner à se rapprocher de ce père qu'il a toujours tenu à l'écart de Nilla et Jesper et qu'il est incapable d'appeler "papa". Jerry est encore autonome mais il ne sait plus parler; il communique à l'aide de mots très simples comme "Pelle" (diminutif de Per), "Prince" (sa marque de cigarettes favorites), etc.

Hélas pour les Mörner, Jerry trimballe avec lui bien autre chose qu'une réputation sulfureuse et des manières grossières. Per a l'occasion de s'en apercevoir lorsque survient l'incendie suspect de la maison de campagne de son géniteur, incendie dans lequel ce dernier manque périr.

Parallèlement à ces péripéties, Per découvre que la santé de Nilla est menacée. Il réagit à cette nouvelle d'une façon qui troublera bien des parents parmi les lecteurs. Plutôt que rester aux côtés de sa fille 24h/24h, Per laisse en grande partie cette responsabilité à son ex-épouse et consacre beaucoup de temps et d'énergie à se mêler des affaires de Jerry. Parenthèse: une critique du Göteborgs-Posten (Ingrid Bosseldal) juge ce comportement invraisemblable. Son avis est intéressant, mais je ne suis pas tout à fait d'accord. Le roman donne toutes les explications nécessaires à l'attitude de Per, qui fait sa petite enquête sur l'incendie de la maison de Jerry pour éviter de ruminer les chances qu'a Nilla de s'en sortir. Lâcheté de sa part? Oui, peut-être, mais il est surprenant qu'une critique littéraire reproche à un auteur de ne pas avoir créé un personnage exemplaire. Bosseldal n'a peut-être pas réalisé que si Per Mörner se conformait à sa vision du père idéal, il n'y aurait tout simplement pas d'histoire... ou alors il y en aurait une, mais ce ne serait pas un polar. Fin de la parenthèse.

Il y a ensuite le couple Max et Vendela Larsson, dont j'ai déjà beaucoup parlé dans Vendela et les fées. Max est un psychologue défroqué, auteur de livres de développement personnel qui lui assurent une petite célébrité qu'il savoure avec bonheur; il est d'une jalousie maladive et adore contrôler son entourage, à commencer par sa femme.

La très discrète famille Kurdin a elle aussi une villa de vacances dans le voisinage.

Chacun dans ce roman a ses petits secrets, plus ou moins sordides, plus ou moins sérieux. Y compris Gerlof, qui des années après la mort d'Ella -sa femme- se décide enfin à lire les petits cahiers qu'elle tenait soigneusement lorsqu'il partait en mer, cahiers qu'il n'a jamais pu se résoudre à brûler. Vaguement honteux mais curieux, Gerlof trouve dans cette lecture des informations qui, étrangement, pourraient l'aider à comprendre certaines bizarreries du présent.

* * *
Des thèmes chers à Theorin

Comme les deux précédents romans, Blodläge aborde principalement trois thèmes:
  • les relations -souvent difficiles- entre proches (parents/enfants, époux, amants)
  • le deuil, la perte, la séparation
  • l'imaginaire comme refuge face à la souffrance
Ce troisième point était particulièrement flagrant dans L'Écho des morts, il l'est encore ici. Dans Blodläge il est toutefois question des fées et de leur pouvoir d'exaucer les vœux, plutôt que de la vie après la mort et des fantômes.

Blodläge m'a pourtant semblé moins "enchanté" que le précédent roman. L'Écho des morts m'avait donné maintes occasions de frissonner, ce n'est pas le cas ici (sauf peut-être certains passages concernant l'Invalide, personnage mystérieux et tragique, voir Vendela et les fées). Selon moi il y a deux raisons principales à cela.

La première c'est que les légendes concernant les fées sont beaucoup moins répandues et enracinées que la croyance dans la survie après la mort. J'en veux pour preuve la quantité hallucinante d'œuvres sur ce dernier sujet, depuis Le Tour d'écrou de Henry James (lien Blog-O-Book) ou la série télévisée Médium jusqu'aux innombrables "manuels" de communication avec les défunts. Les fantômes titillent notre imagination -et donc nous font frissonner- bien plus que les fées.

La deuxième c'est que les événements "étranges" sont moins nombreux et moins spectaculaires dans ce troisième roman que dans le deuxième, et trouvent presque tous une explication rationnelle. Je remarque avec intérêt que les personnages de Theorin choisissent parfois de laisser planer le mystère, alors qu'une réponse est à leur portée; c'est le cas par exemple dans la scène du cimetière à la fin de L'Écho des morts, ou celle de la carrière dans Blodläge lorsque Gerlof décide de ne pas mettre un point final à l'une des "petites" énigmes du roman. Le vieux marin sait ce qu'il va très probablement trouver s'il poursuit sa recherche, mais décide de s'abstenir (pas d'inquiétude à avoir, les autres intrigues sont entièrement éclaircies).

* * *
Le dernier chapitre

Johan Theorin travaille sur le quatrième -et dernier- roman de la série.

Le titre sera probablement Rörgast (site de l'auteur).

RÖR désigne un/des tumulus, tertre funéraire (Wikipedia 1, Wikipedia 2). GAST, selon le dico en ligne de l'Académie suédoise, c'est un spectre, un esprit souvent malfaisant, qui se promène la nuit en hurlant dans les forêts ou sur les landes. C'est l'âme d'une victime de meurtre qui n'a pas pu être inhumée en terre consacrée, ou encore l'esprit d'un bébé assassiné avant d'avoir été baptisé. Ce genre de choses joyeuses...

Rörgast, c'est donc "esprit des tertres", "spectre des tumulus". Miam!

Le titre envisagé me semble prometteur, et j'espère retrouver dans ce quatrième bouquin le souffle de L'Écho des morts.


[Participe au challenge Lire en VO]


vendredi 14 mai 2010

Quelques parutions prochaines et une nouveauté

À paraître prochainement au format poche :

Hiver arctique, d'Arnaldur Indridason, chez Points, ISBN 9782757816899 (fin juin)

L'inconnu du Nord, d'Anna Jansson au Livre de Poche, ISBN 9782253133735 (juin)
Si ma mémoire ne me joue pas des tours, Anna Jansson situe ses histoires sur l'île de Gotland (comme Mari Jungstedt). Il s'agit de son premier roman traduit en français.

Mise à jour: un nouveau roman signé Anna Jansson devrait arriver dans pas très longtemps aux éditions du Toucan (en grand format, donc). Titre: Le pacte boréal, ISBN 9782810003778 (en juin ? cet été ?)

Et en grand format nous devrions découvrir à l'automne :

Le septième fils, d'Arni Thorarinsson, chez Métailié, ISBN 9782864247241 (fin septembre).

Le dernier hiver, d'Åke Edwardson, chez Lattès, ISBN 9782709633499 (septembre).
Ce sera la dernière aventure du déprimant Erik Winter. À noter que la VF perd, inévitablement, le jeu de mot du titre suédois: Den sista vintern (Le dernier hiver / Le dernier Winter).

* * *

Dans l'immédiat le quatrième Camilla Läckberg est arrivé dans les librairies : L'Oiseau de mauvais augure et sa drôle de couverture très "Actes Noirs" attend les fans du célèbre couple d'enquêteurs (Erica ne fait toutefois pas grand-chose dans ce volume). J'ai consacré un billet à la version originale (Olycksfågeln) il y a quelques mois de ça. Le souvenir que j'ai gardé du bouquin: des personnages souvent intéressants et une histoire agréablement distrayante, entachée de quelques invraisemblances irritantes.

lundi 10 mai 2010

Séries - Mari Jungstedt

Code couleurs: suédois / français / anglais
Éditeur français: Plon pour les 2 premiers, Serpent à plumes (intégré aux éditions du Rocher) pour le 3e. Traduction Maximilien Stadler.
Éditeur US: St. Martin’s Minotaur. Éditeur UK: Doubleday. Traduction Tiina Nunnally.

Série Anders Knutas (commissaire)
  1. Den du inte ser, 2003 / Celui qu'on ne voit pas, 2007 / Unseen, US 2006 [UK, 2007]
  2. I denna stilla natt, 2004 / Les Ombres silencieuses, 2008 / Unspoken, US 2007 [UK, 2008]
  3. Den inre kretsen, 2005 / Le Cercle intérieur, 2011 / The inner circle, US 2008 [Unknown, UK 2009]
  4. Den döende dandyn, 2006 / pas encore traduit / The Killer's Art, UK 2010
  5. I denna ljuva sommartid, 2007 / pas encore traduit /The Dead of Summer, 2011
  6. Den mörka ängeln, 2008
  7. Den dubbla tystnaden, 2009
  8. Den farliga leken, 2010
  9. Det fjärde offret, mai 2011

L'action se déroule sur l'île de Gotland.
Ville principale : Visby, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco ("Ses remparts du XIIIe siècle, ainsi que plus de 200 entrepôts et maisons de marchands de la même époque, en font la ville fortifiée et commerciale la mieux préservée d'Europe du Nord")

vendredi 7 mai 2010

Malin Fors bientôt de retour


Le 2e Mons Kallentoft s'en vient.

Été est annoncé pour la fin du mois en France.

Comme pour Hiver, l'éditeur français a repris la couverture suédoise (voir le récapitulatif de la série)

mardi 4 mai 2010

Vendela et les fées

Une fois n'est pas coutume, voici un billet intermédiaire. Eh oui.

Je suis plongé dans la lecture de Blodläge (j'en suis au premier tiers environ) et l'ambiance est décidément différente (pas meilleure: différente) des Edwardson, Tursten, Larsson, Larsson, etc. Ça ne me surprend pas de la part de Theorin, conteur d'histoires avant tout et auteur de polars quelque peu atypique.

Certes, on voit déjà très bien en ce début du mois de mars sur l'île d'Öland que des choses pas catholiques se trament au sein de la famille de Per Mörner (famille que l'on a rencontrée dans L'Heure trouble en la personne d'Ernst, le sculpteur). On sait depuis le prologue qu'un meurtre se prépare pour la Walpurgis (la nuit du 1er mai, cf. Wikipedia). L'auteur nous a donné un très bref aperçu du drame avant de nous entraîner quelques semaines en arrière. Taquin, le Theorin...

Bref, de sombres nuages commencent à s'amonceler à l'horizon et je me fais du souci pour Per Mörner. Mais pour le moment il est surtout question de la vie des différents personnages. Ils se dévoilent par petites touches et vaquent à leurs occupations. Parmi ces personnages, il y a Vendela Larsson.

* * *
La quête de Vendela

Vendela est née à Öland. On découvre des bribes de son enfance, qui n'a pas été de tout repos, dans de courts chapitres intitulés "Vendela et les fées". Sa mère est morte alors qu'elle était toute jeune, son père était tailleur de pierres et travaillait dans la fameuse carrière de Stenvik. L'argent manquait cruellement. La jeunesse de Vendela a été un peu plus bouleversée encore lorsqu'est arrivé(e) à la maison l'Invalide, personnage mystérieux amené(e) un beau jour par le père, sans un mot d'explication. L'inconnu(e) restait cloîtré(e) dans une chambre à l'étage... On n'en sait guère plus à ce stade car Vendela évitait soigneusement tout contact -ne serait-ce que visuel- avec l'Invalide.

Vendela Larsson, adulte, est de retour à Stenvik. Sa vie de couple est exempte de passion (son mari Max ne se soucie que de son nombril et de son travail) mais elle ne manque pas d'argent. Elle revient à Öland passer la belle saison non pas dans la petite ferme sans électricité de son enfance, mais dans une belle villa toute neuve. Dans le voisinage se trouvent deux habitations bien plus modestes: la maison des Mörner et celle d'un certain Gerlof Davidsson...

Vendela, qui ne se satisfait pas entièrement de la plate réalité, a trouvé depuis longtemps une consolation insolite: les fées. Elle les a cherchées enfant sur la lande, puis plus tard sur l'île de Gotland et jusqu'en Islande, dans la région du glacier Snæfellsjökull, zone volcanique très fréquentée (paraît-il) par les êtres magiques (1).

De retour sur son île natale elle espère trouver enfin une des portes de leur royaume, peut-être près de la "pierre aux fées" qui se situe un peu à l'est de Stenvik. Des cavités rondes et lisses à la surface du rocher sacré permettent de déposer les offrandes destinées aux créatures elfiques (voir photo d'une pierre de ce genre, située sur l'île de Gotland - la plupart de ces cavités dateraient de l'âge de bronze selon l'article qui accompagne la photo - site du Gotland Museum). Si l'offrande leur plaît, les fées peuvent accepter d'exaucer les vœux des humains.

Mais Vendela sait d'expérience qu'il faut se méfier des souhaits imprudents... et des trolls, mortels ennemis des êtres elfiques.

* * *
Raconte-nous une histoire, oncle Johan!

J'aime le soin avec lequel Theorin tisse son histoire, incorporant des éléments bien réels à son récit (comme les légendes sur le Snæfellsjökull ou les creux méticuleusement polis de la pierre aux fées). Il a même exhumé un -vrai- magazine pour fanas de "mystères": Sökaren (2) (selon Wikipedia, il tire à peine à un millier d'exemplaires). Un personnage le mentionne une fois! C'est ce qu'on appelle soigner les détails. Les lecteurs curieux ont ainsi plusieurs occasions de faire tourner leur moteur de recherche favori (mais ce n'est pas nécessaire à la compréhension du récit, bien sûr).

* * *
Ambiance

Pour rêver un peu et se mettre dans l'ambiance (allez, Albin Michel, on se presse de traduire!) voici une petite vidéo (YouTube).

Le groupe s'appelle Sarek (ne pas confondre avec le papa de Spock) - la chanson a pour titre "Älvorna" (les fées) - les images de cette vidéo n'ont rien à voir avec Sarek mais elles contribuent fort bien à l'ambiance. Le site du groupe fournit un lien vers une vidéo plus officielle, extraite d'un spectacle (également sur YouTube). C'est délicieusement kitsch et 100% playback. Leur page Internet propose d'autres liens musicaux (il suffit de cliquer sur l'onglet "Video").

Bon, j'y retourne, je veux savoir si Vendela trouve l'entrée du royaume des fées... et si Per Mörner échappe au troll qui le menace!

Mise à jour: à suivre dans un deuxième billet, printemps sanglant.


---NOTES---
(1) À noter qu'un autre volcan islandais, le désormais célèbre Eyjafjallajökull, est entré en éruption quelques heures à peine avant la sortie de Blodläge... Certains diront que c'est un hasard. D'autres, plus éclairés, y verront l'évidente conséquence de la ruée des trolls vers les librairies en surface.

(2) Litt. "le chercheur", "celui qui cherche" (dans le cas d'un chercheur scientifique on dira plutôt "forskaren").

samedi 1 mai 2010

Je ne porte pas mon nom - Anna Grue


Je ne porte pas mon nom (titre original Dybt at falde), Anna Grue, éd. Gaïa, 2010, 346 pages. Traduit du danois par Catherine Lise Dubost.

Ce roman est tombé à point pour me consoler de la petite déception suscitée par le deuxième Kanger. Je ne porte pas mon nom est un polar correct qui mélange habilement des sujets sérieux et actuels d'une part, un humour léger et des personnages plutôt sympathiques d'autre part.

Anna Grue est une "petite nouvelle", venue du Danemark (ça me change de la Suède). Après avoir écrit deux romans policiers, Noget for noget (1) et Det taler vi ikke om, elle a commencé une série en 2007 (2). Le personnage principal en est Dan Sommerdahl, la petite quarantaine, directeur artistique d'une agence de pub dans la ville imaginaire de Christianssund, au Danemark.

* * *

Le récit commence par un meurtre, mais du point de vue de l'assassin:
"Dans deux heures, je serai coupable d'un meurtre. L'idée devrait me terroriser, mais pour être honnête, ce qui me préoccupe le plus pour l'instant, c'est ma jambe droite qui s'ankylose. Il y a peu, elle a commencé à devenir insensible, et puis juste après, elle s'est mise à me picoter comme si des milliers d'aiguilles minuscules la transperçaient. Le problème, c'est que le placard dans lequel je me trouve est si exigu que je ne peux pas bouger d'un pouce sans heurter quelque chose et le risque que quelqu'un m'entende est trop grand."
Le placard en question est situé dans la cuisine de Kurt & Co, l'agence de pub qui emploie Sommerdahl. La cible est une femme de ménage d'origine estonienne, Lilliana. À cette heure tardive il n'y a plus guère d'employés dans l'agence et l'assassin attend l'arrivée des "agents de surface" (j'adore ce terme, clinquant et hypocrite à souhait).

Sommerdahl est d'emblée hors de cause pour deux raisons. La première c'est qu'il a fait un burn-out et est en congé maladie de longue durée. Dan ne se plaît pas à son poste de cadre supérieur; il s'est forcé à tenir le coup trop longtemps et a fini par craquer. Son excellent alibi est fourni par le commissaire Flemming Torp soi-même. Torp et Sommerdahl sont de vieux amis; le soir du meurtre ils soupaient ensemble chez Dan, sa femme Marianne et leur chien Luffe.

Pour aider son copain à remonter la pente, mais aussi pour profiter de sa très bonne connaissance de l'agence de pub, Torp associe Sommerdahl à l'enquête en tant que conseiller. Dan se passionne rapidement pour l'affaire. Son enthousiasme va attirer l'attention de la presse qui lui trouvera un surnom: le détective chauve (comme bien des hommes aujourd'hui, Sommerdahl préfère se raser entièrement le crâne au premier signe de perte de cheveux).

Torp et son vieux copain vont découvrir les coulisses pas toujours très propres de Christianssund. Lilliana, comme plusieurs autres, travaillait au noir pour le compte d'une compagnie de nettoyage. Salaire minimum, aucune couverture sociale. Mais les deux enquêteurs, le pro et l'amateur, réalisent bien vite que pour certaines femmes venues d'Afrique ou d'Europe de l'Est, ce sort est de loin préférable à l'exploitation sexuelle dans les bordels du pays d'Hamlet.

Qui était vraiment Lilliana? Pour quelle raison a-t-elle été assassinée? Le détective chauve va démêler tous les fils.

* * *
L'art de raconter une histoire

Anna Grue émaille son récit de petites phrases drôles, parfois très imagées.

Par exemple celle-ci, au cours de l'interrogatoire d'un témoin: "Sa paupière tressautait comme s'il s'était agi d'un corps étranger prêt à se désolidariser du reste pour ouvrir sa propre filiale."

Ou encore celle-là: "Dan resta quelques minutes assis dans sa voiture. Ses pensées virevoltaient comme une nuée de corbeaux sous les coups de fusil".

* * *
Nos amis les animaux

De même qu'Åsa Larsson, Anna Grue ne dédaigne pas les chiens. À la fin de l'ouvrage, l'auteure consacre quelques lignes aux personnes qu'elle tient à remercier. Parmi celles-ci figure
"Le vétérinaire Liselotte Aarsø, qui s'est occupée de Luffe, Futte et des autres chiens qui participaient jadis au roman. La plupart des anecdotes canines ont malheureusement été éliminées lors de la phase de réécriture, sur les recommandations de mes conseillers. (Comme l'un de vous m'a dit: "Tu sais, il existe des gens qui se fichent complètement des chiens..." J'ai toujours du mal à le croire, mais toujours est-il que la quantité d'anecdotes actuelle est le résultat d'un compromis!)
Le vieux Luffe a donc un rôle, petit mais important, dans ce roman.

Pas le moindre chat à l'horizon, toutefois. Tant pis...

* * *
À suivre...

Le 2e Sommerdhal se vend bien en Suède (je n'ai pas trouvé de traductions en anglais). J'attends donc avec beaucoup de curiosité "Le baiser de Judas" (Judaskysset).

[Un grand merci à Josée pour cette lecture.]


---NOTES---
(1) Ce roman a valu à Anna Grue le prix du meilleur premier roman de l'année ("debutantpris"), attribué par la Danska kriminalakademi.

(2) Dybt at falde, 2007 - Judaskysset, 2008 - Kunsten at dø, 2009.