dimanche 21 février 2010

Last Rituals - Meurtre et sorcellerie


Last Rituals (titre original Þriðja táknið), par Yrsa Sigurdardóttir, éd. William Morrow 2007 (USA), traduction en anglais Bernard Scudder.

Après Arnaldur Indriðason et Árni Þórarinsson, voici donc Yrsa, fille de Sigurður (en islandais: Yrsa Sigurðardóttir). Un autre auteur venu d'Islande mais pas encore traduit en français. Ses deux premiers romans sont toutefois disponibles en anglais: Last Rituals et My Soul to Take. Le troisième paraîtra cette année: Ashes to Dust (voir les titres de la série).

[Mise à jour: l'ouvrage sort en français chez Anne Carrière début 2011, sous le titre Ultimes rituels.]

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L'absence de nom de famille en Islande est intrigante, amusante et exotique à la fois. Wikipedia donne des éclaircissements sur cette façon de se nommer, avec un petit schéma très clair; on peut aussi consulter le site de l'Ambassade d'Islande en France ou cette page de l'Université Laval qui contient beaucoup d'autres infos. En résumé chacun a un nom (Arnaldur, Sigurður Óli, Yrsa, Björk, etc.) et pour éviter les confusions on précise le nom du père, plus rarement celui de la mère. Yrsa Sigurðardóttir désigne Yrsa, fille de Sigurður, qu'on ne confondra pas avec Yrsa Hannesardóttir (fille de Hannes).

Si je ne me trompe pas, il est maladroit de dire ou écrire "Madame Sigurdardottir" ou "Monsieur Indridason". Oups. J'ai fait l'erreur plus d'une fois! Les Islandais sont conscients de notre ignorance; dans Last Rituals, l'héroïne (Þóra Guðmundsdóttir) reçoit un appel d'Allemagne. Son interlocutrice lui donne du "Frau Gudmundsdottir", pensant qu'il s'agit d'un nom de famille. Thóra (Þóra en VO) ne s'en formalise nullement.

De nombreux noms n'ont pas d'équivalents en islandais, mais Paul en a un. Je pourrais peut-être me faire appeler Páll Kristjanasson si je décidais un jour de m'installer en Islande! On peut trouver des listes de noms islandais sur le Net (Icelandic First Names, Behind the Name).

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Symboles mystérieux et vieilles histoires

Last Rituals est le premier roman pour adultes écrit par Yrsa, et elle a opté pour le genre "crime & suspense". Thóra est associée dans un cabinet d'avocats de la capitale. Elle est divorcée, mère d'un adolescent de 16 ans (Gylfi) et d'une fille d'à peine 6 ans (Sóley).

Thóra reçoit une proposition de la famille Guntlieb, en Allemagne. Le fils, Harald Guntlieb, a été assassiné à Reykjavik et son corps atrocement mutilé a été découvert dans les locaux de l'université où il était étudiant en Histoire médiévale. La police a mis sous les verrous un ami de la victime. La famille Guntlieb doute fortement de la qualité de l'enquête de police (avec raison: les flics dans le roman d'Yrsa ne sont qu'un ramassis d'incapables) et veut engager Thóra pour qu'elle les représente en Islande et qu'elle mène une enquête parallèle.

Elle accepte et est aidée dans sa tâche par Matthew Reich, citoyen allemand, employé par les Guntlieb. Il a de l'expérience en matière d'enquête mais ne parle pas un mot d'islandais. Le duo Thóra/Matthew va se pencher sur les derniers jours de la vie de Harald, ses fréquentations, son intérêt pour l'Histoire médiévale et plus particulièrement les chasses aux sorcières en Islande et sur le continent. Harald a hérité de son grand-père un goût macabre pour les méthodes "d'enquête" des inquisiteurs de jadis (c'est-à-dire les multiples façons de torturer un suspect) et pour les "manuels" laissés par les tortionnaires, notamment le célèbre Malleus Maleficarum.

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L'incursion dans l'Islande médiévale est intéressante. Le lecteur aura un bref aperçu des diocèses de Hólar et de Skálholt, découvrira le destin tragique du dernier évêque catholique d'Islande, Jón Arason, décapité en 1550 (la couronne danoise favorisait le luthéranisme, Jón s'y opposait farouchement) ou encore l'évêque (protestant) Brynjólfur Sveinsson qui lui vivait au XVIIe siècle.

L'intérêt principal du roman, c'est en fait l'Islande elle-même, à la fois si proche et si méconnue. Les personnages sont assez bien travaillés. Le cœur de l'intrigue manque toutefois de solidité. Je ne fais pas allusion aux histoires de sorcellerie mais à quelques invraisemblances gênantes.

Pour mentionner un exemple: je veux bien croire que l'on trouve des incompétents au sein de la police islandaise, mais perquisitionner (avec un chien!) et passer à côté d'éléments de preuve plus ou moins décomposés et pas très bien cachés... non, non. De même le comportement de certains témoins ou proches de la victime m'a parfois semblé très improbable.

Cela ne m'empêchera pas de lire, avec curiosité, le deuxième roman d'Yrsa Sigurdardóttir: My Soul to Take. En espérant que l'énigme sera mieux tricotée.

D'autres avis sur le site Euro Crime, signés Maxine et Michelle ainsi que sur Scandinavian Crime Fiction.

3 commentaires:

isa a dit…

il ne me reste plus qu'à le lire et voir si la police islandaise est à ce point incompétente ;)

Paul Arre a dit…

Erlendur devait être en congés! :-)

Isa a dit…

je viens juste de le finir et du coup, je découvre seulement ta réponse à mon comm'

et euh...je n'ai jamais lu Indridasson du coup je me demandais qui était Erlendur ^^
j'avais commencé le premier de la série et je n'ai pas accroché, malgré tous les avis favorables que je peux lire sur cet auteur..

bon sur ce, je vais aller faire mon ptit article sur Thora and co ^^
à moins que je ne m'endorme avant...