lundi 26 octobre 2009

Qui sème le sang : A versus K

Le deuxième roman des aventures du Groupe A est plus sombre et violent que le premier comme le titre le laisse aisément deviner: Qui sème le sang (Seuil, traduction Rémi Cassaigne).

C'est que Jan-Olov Hultin et ses six enquêteurs se trouvent confrontés à un visiteur fort indésirable: ils apprennent par le FBI qu'un tueur en série -le "Tueur du Kentucky"- aurait embarqué à New York dans un avion à destination de Stockholm après avoir torturé et assassiné un passager Suédois (qui exerçait le beau métier de critique littéraire - je soupçonne l'auteur d'y avoir pris un malin plaisir).

L'information est-elle exacte? Peut-on intercepter le tueur avant qu'il ne disparaisse dans la nature? Pourquoi serait-il venu en Suède? Qui est-il? Quels sont ses projets, si toutefois il en a?

Le lecteur disposant à peu près des mêmes informations que le Groupe A, il est possible de tenter de deviner certains éléments de l'intrigue et voir si ces hypothèses se confirment ou pas. Vous pourrez ainsi vous exclamer "Haha! j'avais raison"... ou le plus souvent découvrir que vous étiez dans l'erreur.

Comme dans Misterioso c'est le flair des enquêteurs et le travail sur le terrain qui permettront au Groupe A de progresser. L'enquête policière occupe 95% du récit; Arne Dahl étoffe un peu ses personnages dans ce deuxième opus, approfondit l'histoire personnelle de certains d'entre eux, mais c'est l'enquête et ses multiples rebondissements qui sont au premier plan.

Le rythme est soutenu, les pistes s'enchaînent, se croisent, aboutissent parfois dans des culs-de-sac... Le dénouement a de l'ampleur et réserve quelques surprises.

Les scènes de violence ne sont pas très nombreuses mais sont parfois très dures, ce n'est certainement pas une lecture pour les jeunes.
"Désormais la machine était en marche. Tout allait changer - et c'était logique. On ne trie pas ce qu'on importe du maître du monde. Quand on choisit de gober une culture entière les yeux fermés, on tombe tôt ou tard sur sa part d'ombre."
La critique sociale est encore présente dans Qui sème le sang, mais elle dépasse désormais le strict cadre suédois: la possible arrivée d'un tueur en série américain, par exemple, est perçue par certains membres du Groupe A comme une inévitable contamination de "l'Empire américain", ce qui est un point de vue amusant à défaut d'être très original.
"Le monde rétrécit, madame, messieurs. Le monde rétrécit."
L'évolution de la Suède dans les années 80-90 a, il est vrai, fortement marqué les esprits. Il y a eu l'assassinat d'Olof Palme en 1986 qui reste toujours très présent dans l'imaginaire collectif, mais aussi et surtout l'abandon du fameux "modèle suédois", la mondialisation des échanges et de la finance, les ravages de la crise économique, le chômage, la montée du crime organisé... Cela fait beaucoup de changements en peu de temps, d'où peut-être la tentation de trouver une cause bien définie à ces bouleversements. La nostalgie pour une Suède d'antan plus solidaire et plus paisible, désormais hors de portée, l'inquiétude face à un avenir incertain, tout cela transparaît dans le roman (par les voix de Paul Hjelm et Arto Söderstedt principalement).

Qui sème le sang est un polar consistant et saignant. Il plaira surtout aux amateurs d'action. Si par contre vous ne jurez que par les bonnes vieilles "cuppa tea" à l'arsenic... accrochez bien votre ceinture!

[Merci à Mathieu pour le SP]

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